le cahier blanc
Aurélien Delsaux
face à nous la grande montagne deux pics une grande béancedeux fois y vîmes le soleilavant son heure y disparaîtredeux fois renaître avant la nuit et deux fois dans l’adret sous nousnos enfants s’amusent tirant la grande ombre comme un grand drapet par...
nous étions entre gens qui mettent coudes sur la tablesans nous connaître ou à peine et pourtantmêmes habitants d’un pays plus vaste qu’un paysd’une langue qui est plus qu’un pays d’une langue ciel mer temps et monde ce qu’il y avait d’incroyable c’est...
comment faut-il que je vive poème disde tout ce gris qui m’écœure faut-il chercherà sortir fuir au sud fuir à l’ouest fuir à l’estfaut-il percer la bedaine du ciel priercomme un dieu le soleil de nous bénir enfin ou bien dois-je m’habituer chérir ma peineadmirer...
quand la joie t’assaille et t’exile hors la parole et que tu ne sais plus ce que tu fais sur terre connais-tu quand ton drap sec emprisonnant le seringa un rêve d’automne te prend où tu es seul connais-tu quand l’œuvre veut tes mains et vient comme ton...
bons souvenirs pâte de coing forsythias roses jardin de mes parents nymphéas chemins noirs amis et jeux au fond de moi je vous retrouve comme un ticket de la saison passée au fond de l’épais manteau qu’on remet quand le frimas s’impose quand le premier...
voilà combien de semaines que l’orage nous tournait autour éclatant par salves le soir on vit une pluie d’éclairs battre la rue vide et noire quand rarement le soleil se montrait toujours l’orage était là qui menaçait dans ce printemps suspendu la promenade...
tu regardes glisser de grandes plaques de glace et d’empire une chaleur neuve t’accable de l’homme la honte est veuve partout nous craignons que les clowns attaquent quelque chose s’est effondré mais quoi était-ce avec le grand mur les deux tours héros...
dans le champ la marche est pénible peut-être on ne trouvera rien quand soudain la machine vibre on creuse on se salit les mains c’est un vieux rêve de gamin échappée d’une urne profonde on trouve cette pièce ronde la face effacée de césar tout comme...
c'est la tiédeur qui nous tue qui laissa croître les monstres pourquoi aux calmes soupers quand la nuit tomba des bouches n'avoir pas tiré la nappe déjà était mangé l'ange retenant le couteau blanc sur la gorge d'Isaac il faut planter la forêt où feront...
tout en haut de la forteresse je vois les cadavres flotter la mer est grosse de nos larmes la mer à notre porte cogne: ouvrez voici des femmes mortes et voici leurs enfants ouvrez tous espéraient vivre chez vous chez eux la vie ne se peut plus l'ordre...
entre chez moi par la parole prête l’oreille à ma maison chaque saison y est gardée bouquet de houx muguet buis mauves chaque fatigue a son royaume la porte s’ouvre et notre chat traversant en songe les siècles miaule à l’énigme du présent tandis que...
Des jours et des jours, cependant, je me suis attendue à une mauvaise nouvelle. Je lisais la presse (pas tous les jours parce que nous n’avions pas d’argent pour acheter le journal quotidiennement), je regardais la télévision, j’écoutais les nouvelles...
Heureux l’écrivain qui fuit les plats caractères dont la trop réelle banalité rebute et accable, pour s’adonner à la peinture des âmes nobles, honneur de l’humanité; qui, dans le tourbillon d’images continuellement changeantes, choisit quelques rares...