oui : les batailles furent nombreuses
et les crimes immenses
nos cités furent malheureuses
et la nuit fut plus dense
mais
nous sommes
encore
vivants
commenter cet article …
le cahier blanc
Aurélien Delsaux
oui : les batailles furent nombreuses
et les crimes immenses
nos cités furent malheureuses
et la nuit fut plus dense
mais
nous sommes
encore
vivants
Madeleine des Rameaux
contemple à travers les ramées
le spectacle du vent
jeu de lumière entre les branches
valse du ciel et du soleil
l’esprit souffle et veut et va
il vient, c’est vrai, d’on ne sait où et
c’est beau dans le ciel le ciel bleu
ce vent fou
- ô souffle frais, esprit d’éveil
qui tout avive, accroît et meut, ô paraclet
qui tout sauve, qui tout aime et recrée
elle voit, Madeleine, le petit dieu là,
qui parle et s’enfuit,
et qui se tait
elle boit, Madeleine, le doux silence
et le beau bruit
que cela fait :
geste vaste, ample, invisible,
qui nous promène – des traces vierges précédaient
cette marche – et le vent fouettait, fouettait
- ô souffle frais, esprit d’éveil
qui tout avive, accroît et meut, ô paraclet
qui tout sauve, qui tout aime et recrée
le vent crie presque ses secrets
dont on ne sait le fruit
- pour ça pourtant ne faut que le savoir des simples
nous l’entendîmes un peu, la promesse hurlante du vent:
que le vent rien d’autre ne soit que notre vie,
et en nous la sourde saveur de vivre comme le vent ainsi
nous allions donc ce jour, âmes pleines,
dans cette promesse même, devant la fontaine
où paissent de beaux et vieux ânes
- ô souffle frais, esprit d’éveil
qui tout avive, accroît et meut, ô paraclet
qui tout sauve, qui tout aime et recrée
et Madeleine a caressé les ânes
qui ont des yeux immenses
et du gris toute nuance
ils sont doux, ils sont bons, les ânes
l’enfant déjà le sait, la jolie qui n’a qu’un mois
et une sainte semaine
partout toujours la grâce, autour des animaux petits
autour des petits hommes, en toute bête multiplie
ses passages larges, larges
- ô souffle frais, esprit d’éveil
qui tout avive, accroît et meut, ô paraclet
qui tout sauve, qui tout aime et recrée
alors encore elle a, Madeleine,
observé le jeu des branches
plus violent dans le soir vite violet
tout est secoué, tout penche
mais Madeleine tranquille s’endort
joyeuse : le jour est passé bien généreux
puis maintenant la nuit vient doucement – bientôt
le mois de mai, on le voit au soleil qui meurt
et luit encore
- ô souffle frais, esprit d’éveil
qui tout avive, accroît et meut, ô paraclet
qui tout sauve, aime et recrée
et la nuit noire, et notre fin : Madeleine
profondément dort. la joie n’est pas
éteinte encore
voici le temps de la prière :
le long de ce jour simple
tout fut don
- merci mon Dieu
pour le Bon Dieu
qui est bien bon
la stérilité, juin 2005
la joie
n'est pas
comestible:
prenez,
et mangez-en
tous
jeune homme, il disait : j’ai le désespoir
comme d’autres disent – j’ai la foi
il a vécu parmi les hommes,
jusqu’au bout.
on ne lui a pas sculpté de statue.
on a oublié son nom.
il a vécu ; c’était un saint.