"Wie Lasalle sagte, ist und bleibt die revolutionärste Tat, immer 'das laut zu sagen, was ist'."
Comme le disait Lasalle, l'acte le plus révolutionnaire est et demeure de "dire fort ce qui est".
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le cahier blanc
Aurélien Delsaux
"Wie Lasalle sagte, ist und bleibt die revolutionärste Tat, immer 'das laut zu sagen, was ist'."
Comme le disait Lasalle, l'acte le plus révolutionnaire est et demeure de "dire fort ce qui est".
"J'ai quelque jour, dans l'Océan,
(Mais je ne sais plus sous quels cieux)
Jeté, comme offrande au néant,
Tout un peu de vin précieux...
Qui voulut ta perte, ô liqueur?
J'obéis peut-être au devin?
Peut-être au souci de mon coeur,
Songeant au sang, versant le vin?
Sa transparence accoutumée
Après une rose fumée
Reprit aussi pure la mer...
Perdu ce vin, ivres les ondes!...
J'ai vu bondir dans l'air amer
Les figures les plus profondes..."
Paul Valéry, le Vin perdu, éditions Gallimard.
"Je ne pense pas qu'on puisse récuser le christianisme.
Je suis sûr que personne ne le refuserait s'il était vécu silencieusement, si nous étions nous-mêmes cet Evangile vivant et si l'on voyait en nous se dresser l'homme dans toute sa stature, sa grandeur et sa dignité. Et c'est là, finalement, le seul critère que nous ayons pour rendre témoignage à Jésus, qui est le Fils de l'homme à un degré unique, et c'est cela justement qui nous garantit qu'il est le Fils de Dieu à un degré unique. C'est cela qui nous est demandé: de nous faire fils de l'homme pour nous faire fils de Dieu.
Nous identifier avec les autres, prendre en charge la douleur et l'espoir du monde, et pour commencer dans notre maison aujourd'hui, notre bureau, ou notre atelier, faire crédit à ceux qui nous entourent, leur porter la lumière du lavement des pieds, être à l'écoute du mystère de leur âme, et devenir pour eux cet espace où la liberté respire, afin qu'ils sachent que le ciel n'est pas là-bas derrière les nuages, mais qu'il est maintenant, ici, au plus intime de notre coeur."
Maurice Zundel
Les deniers de la culture
« Personne plus que moi, messieurs, n'est pénétré de la nécessité, de l'urgente nécessité d'alléger le
budget.
J'ai déjà voté et continuerai de voter la plupart des réductions proposées, à l'exception de celles qui me paraîtraient tarir
les sources même de la vie publique et de celles qui, à côté d'une amélioration financière douteuse, me présenteraient une faute politique certaine.
C'est dans cette dernière catégorie que je range les réductions proposées par le comité des finances sur ce que
j'appellerai le budget spécial des lettres, des sciences et des arts.
Que penseriez-vous, messieurs, d'un particulier qui aurait 500 francs de revenus, qui consacrerait tous les ans à
sa culture intellectuelle, pour les sciences, les lettres et les arts, une somme bien modeste : 5 francs, et qui, dans un jour de réforme, voudrait économiser sur son intelligence six sous
?
Voilà, messieurs, la mesure exacte de l'économie proposée. Eh bien ! Ce que vous ne conseillez pas à un
particulier, au dernier des habitants d'un pays civilisé, on ose le conseiller à la France.
Je viens de vous montrer à quel point l'économie serait petite ; je vais vous montrer maintenant combien le ravage
serait grand.
Ce système d'économie ébranle d'un seul coup tout net cet ensemble d'institutions civilisatrices qui est, pour
ainsi dire, la base du développement de la pensée française. Et quel moment choisit-on ? C'est ici, à mon sens, la faute politique grave que je vous signalais en commençant : quel moment
choisit-on pour mettre en question toutes les institutions à la fois ?
Le moment où elles sont plus nécessaires que jamais, le moment où, loin de les restreindre, il faudrait les étendre
et les élargir. Eh ! Quel est, en effet, j'en appelle à vos consciences, j'en appelle à vos sentiments à tous, quel est le grand péril de la situation actuelle ?
L'ignorance. L'ignorance encore plus que la misère. L'ignorance qui nous déborde, qui nous assiège, qui nous
investit de toutes parts. C'est à la faveur de l'ignorance que certaines doctrines fatales passent de l'esprit impitoyable des théoriciens dans le cerveau des multitudes. Et c'est dans un pareil
moment, devant un pareil danger, qu'on songerait à attaquer, à mutiler, à ébranler toutes ces institutions qui ont pour but spécial de poursuivre, de combattre, de détruire
l'ignorance.
On pourvoit à l'éclairage des villes, on allume tous les soirs, et on fait très bien, des réverbères dans les
carrefours, dans les places publiques ; quand donc comprendra-t-on que la nuit peut se faire dans le monde moral et qu'il faut allumer des flambeaux dans les esprits ?
Oui, messieurs, j'y insiste. Un mal moral, un mal profond nous travaille et nous tourmente. Ce mal moral, cela est
étrange à dire, n'est autre chose que l'excès des tendances matérielles.
Et bien, comment combattre le développement des tendances matérielles ? Par le développement des tendances
intellectuelles ; il faut ôter au corps et donner à l'âme. Quand je dis : il faut ôter au corps et donner à l'âme, ne vous méprenez pas sur mon sentiment. Vous me comprenez tous ; je souhaite
passionnément, comme chacun de vous, l'amélioration du sort matériel des classes souffrantes ; c'est là selon moi, le grand, l'excellent progrès auquel nous devons tous tendre de tous nos voeux
comme hommes et de tous nos efforts comme législateurs.
Eh bien la grande erreur de notre temps, ça a été de pencher, je dis plus, de courber l'esprit des hommes vers la
recherche du bien matériel.
Il importe, messieurs, de remédier au mal ; il faut redresser pour ainsi dire l'esprit de l'homme ; il faut, et
c'est la grande mission, la mission spéciale du ministère de l'instruction publique, il faut relever l'esprit de l'homme, le tourner vers la conscience, vers le beau, le juste et le vrai, le
désintéressé et le grand. C'est là, et seulement là, que vous trouverez la paix de l'homme avec lui-même et par conséquent la paix de l'homme avec la société. Pour arriver à ce but, messieurs,
que faudrait-il faire ?
Il faudrait multiplier les écoles, les chaires, les bibliothèques, les musées, les théâtres, les librairies. Il
faudrait multiplier les maisons d'études où l'on médite, où l'on s'instruit, où l'on se recueille, où l'on apprend quelque chose, où l'on devient meilleur ; en un mot, il faudrait faire pénétrer
de toutes parts la lumière dans l'esprit du peuple ; car c'est par les ténèbres qu'on le perd.
Ce résultat, vous l'aurez quand vous voudrez. Quand vous le voudrez, vous aurez en France un magnifique mouvement
intellectuel ; ce mouvement, vous l'avez déjà ; il ne s'agit pas de l'utiliser et de le diriger ; il ne s'agit que de bien cultiver le sol.
L'époque où vous êtes est une époque riche et féconde ; ce ne sont pas les intelligences qui manquent, ce ne sont
pas les talents, ce ne sont pas les grandes aptitudes ; ce qui manque, c'est l'impulsion sympathique, c'est l' encouragement enthousiaste d'un grand gouvernement. Je voterai contre toutes les
réductions que je viens de vous signaler et qui amoindriraient l'éclat utile des lettres, des arts et des sciences. Je ne dirai plus qu'un mot aux honorables auteurs du rapport. Vous êtes tombés
dans une méprise regrettable ; vous avez cru faire une économie d'argent, c'est une économie de gloire que vous faites. Je la repousse pour la dignité de la France, je la repousse pour l'honneur
de la République. »
Victor HUGO, Discours à l’Assemblée Nationale, 10 Novembre 1848.
"Et qu'est-ce qu'un aliéné authentique?
C'est un homme qui a préféré devenir fou, dans le sens où socialement on l'entend, que de forfaire à une certaine idée supérieure de l'honneur humain.
C'est ainsi que la société a fait étrangler dans ses asiles tous ceux dont elle a voulu se débarrasser ou se défendre, comme ayant refusé de se rendre avec elle complices de certaines hautes saletés.
Car un aliéné est aussi un homme que la société n'a pas voulu entendre et qu'elle a voulu empêcher d'émettre d'insupportables vérités."
Antonin Artaud, Van Gogh le suicidé de la société.