le cahier blanc
Aurélien Delsaux
c'est la tiédeur qui nous tue
qui laissa croître les monstres
pourquoi aux calmes soupers
quand la nuit tomba des bouches
n'avoir pas tiré la nappe
déjà était mangé l'ange
retenant le couteau blanc
sur la gorge d'Isaac
il faut planter la forêt
où feront nid des mots neufs
et croquer l'espoir des fruits
qui cuira notre vrai pain
quand te réveilleras-tu
dans le champ la marche est pénible
peut-être on ne trouvera rien
quand soudain la machine vibre
on creuse on se salit les mains
c’est un vieux rêve de gamin
échappée d’une urne profonde
on trouve cette pièce ronde
la face effacée de césar
tout comme la monnaie romaine
dormant sous deux mille ans de terre
lueur éteinte d’un empire
remontée par les grands labours
je garde en poche ton baiser
pour qu’en mon quotidien bourbeux
quand je ne peine pas qu’un peu
ne s’oublie pas le grand amour
chaque vague nous lavant le visage
nous nageons contre la marée montante
jusque vers l'île sans supermarché
ni faux dieux ni voiture où cependant
nous serons heureux
tu regardes glisser de grandes plaques
de glace et d’empire une chaleur neuve
t’accable de l’homme la honte est veuve
partout nous craignons que les clowns attaquent
quelque chose s’est effondré mais quoi
était-ce avec le grand mur les deux tours
héros statue maison grand arbre amour
il t’en souvient : l’effondrement en toi
la catastrophe a eu lieu c’est trop tard
tu le sais il est mort notre royaume
tu danses joyeux avec des fantômes
dans la paix tu devances la victoire
chimpanzé du futur ou dinosaure
tes os mêlés à la boue du désastre
trouvés bien après la chute de l’astre
témoigneront pour le commun trésor