qu'est-ce qu'il y a dans l'eau ?
(sous le reflet des lumières de la ville
et des étoiles)
la nuit
des poissons
la boue
des cadavres d'amoureuses
de garçons angoissés
et des secrets qui vont vers la mer
se noyer mieux
le cahier blanc
Aurélien Delsaux
qu'est-ce qu'il y a dans l'eau ?
(sous le reflet des lumières de la ville
et des étoiles)
la nuit
des poissons
la boue
des cadavres d'amoureuses
de garçons angoissés
et des secrets qui vont vers la mer
se noyer mieux
lorsque ton visage se glace
dans le lit que l'hiver a fait
quand dans la nuit de noire angoisse
les larmes tissent leur filet
j'invente en l'ombre des paroles
que mes doigts disent sur tes joues
à l'envers des sirènes folles
mon chant serein dit l'espoir fou
le grain se fera brin
le brin se fera branche
lundi sera dimanche
crois bien ce que tu veux
te promets qu'en sa fin
la branche sera feu
lorsque tu trembles comme feuille
dans l'automne mélancolique
quand et quoique mon amour veuille
vomissent les vents théoriques
j'invite à passer les orages
à voir plus loin que l'horizon
à retrouver le vert voyage
à regagner la vraie saison
le grain se fera brin
le brin se fera branche
lundi sera dimanche
crois bien ce que tu veux
te promets qu'en sa fin
la branche sera feu
lorsque suant les mauvais jours
au gris miroir de nos rivières
ta voie s'accable en longs détours
dans les lacets de la lumière
je veux pour remède à l'oubli
de simples guérir ton histoire
ce que ma bouche te publie
pas un château n'en fait mémoire
le grain se fera brin
le brin se fera branche
lundi sera dimanche
crois bien ce que tu veux
te promets qu'en sa fin
la branche sera feu
lorsque ce chant maigre soleil
t'aura rendu et coeur et cuir
transmets à d'autres la merveille
qui force le loup fol à fuir
et si par manque d'artifice
un trou de glaise me fait taire
ces mots continueront l'office
je les dirai dessous la terre
le grain se fera brin
le brin se fera branche
lundi sera dimanche
crois bien ce que tu veux
te promets qu'en sa fin
la branche sera feu
le grain se fera brin
le brin se fera branche
lundi sera dimanche
Hélène Hélène
proie de Pâris
- il ne t’a pas piétiné le ventre
- il ne t’a pas craché à la gueule
- il ne t’a pas meurtri les jambes
et s’il t’a mordue, et s’il t’a griffée
ce ne fut qu’amoureusement
*
maintenant ton corps pourrit
belle Hélène proie putréfiée
on l'a déterré on l'a exposé
puis le Musée brûla - il gît sous le ciel
des oiseaux des rongeurs des insectes
t’aiment qui ne se gênent pas
les vautours ne se gênent pas
ils font leurs œuvres de vautours
et les rats et les scarabées
t’aiment pareil
*
où sont les princes qui vinrent jusqu’à Troie
te rendre à la Grèce
où sont leur force et ruse
le courage et la sagesse d’Ulysse et d’Achille ?
ils sont aimés comme toi
des vautours des rats des scarabées
et Pâris et Hector
les cadavres de Troie
les cadavres d’Athènes
le glorieux cadavre d’Europe
*
te ravir au ravisseur
s’il est amoureux des formes vivantes
est possible
à qui sont noblesse et vertu
mais contre les amoureux de la mort
on ne peut rien
*
(peut-être) un enfant se souvient
te revoit (peut-être) belle prisonnière
bande pour toi (peut-être) pour la première fois
se souvient (peut-être) des vers que le Maître imposa
qu’il redise alors Je veux
de la poudre et des balles
et tu seras sauvée