noire nuit
pauvre troupeau
meute et gibier de lui
le cahier blanc
Aurélien Delsaux
noire nuit
pauvre troupeau
meute et gibier de lui
je suis au théâtre
c'est une répétition je regarde
je pense à toi Nelly
dehors la pluie et le vent
en mai comme si c'était novembre
je suis au théâtre
tout d'un coup la musique de Purcell
jaillit
du fond du plateau noir les apprentis comédiens
avancent bras le long du corps visages
simples simplement présents
ils marchent
ils marchent
s'avancent jusqu'au devant de la scène
ce sont des hommes
on le voit bien
ils sont là
ils sont vivants
ils ressuscitent
on le voit bien
je suis au théâtre
dans le noir
dehors la pluie et le vent
en mai comme si c'était novembre
je pense à toi Nelly
on ne voit jamais les rats
qui dorment chez soi
sous les fondations
on ne les entend pas
grignoter
ni courir
ni se battre
mais leurs yeux luisent dans nos nuits
maintenant les métiers dorment
il n'y a plus de tisseuse
plus de berceuse
on dit encore le texte
qui n'est plus écrit
tissons
un caillou
n'est qu'un caillou