nous voici samedi 30 août
dernier orage de l'été
pendant que l'arbre mûrit l'oeuvre
mailles d'argent robe noire
la pluie emporte sur la route
peau des vipères écrasées
la première mue des couleuvres
le cahier blanc
Aurélien Delsaux
nous voici samedi 30 août
dernier orage de l'été
pendant que l'arbre mûrit l'oeuvre
mailles d'argent robe noire
la pluie emporte sur la route
peau des vipères écrasées
la première mue des couleuvres
les sangliers la nuit
au plus noir des forêts
solitairement courent en rêvant repos
dans la boue
la lumière
comme en le fond d'or des icônes anciennes
qu'Alexis peignit pour la mère de Dieu
et comme aux yeux noirs des chiennes pour les chiens
ou flocons ces cœurs qui se foutent au feu
pas de repos dans le cœur de la terre morte
y brûle un galet toujours dans le silence
patientant la main qui pour bâtir prendra
de cette semence élevant sa maison
pas de repos dans la nuit l'étoile ou l'arbre
pas de repos dans l'amour qui me meurt
continue la guerre et l'errance et l'obstacle
continue l'ivre et violente tendresse
comme le bourdon des très vieux chants anciens
pas de repos dans l'hymne de pain et d'eau
continue est l'ivre et violente tendresse
et si cela se tait toute vie est morte
et si ma bouche meurt déployez ma peau
comme un grand livre ouvert que le grand soleil
lira juste le temps qu'à son filet faut
comme en le fond d'or des icônes anciennes
à J-Y H.
l'ami est là et la femme et l'acacia
dont la lumière s'est éteinte
nous parlions célébrant
la Parole par nos paroles
puis est venue l'heure du rendez-vous
et nous nous sommes tus
nous regardons la bouche d'ombre
de ce coin de grange où l'on entassait
le foin, autrefois
l'ami est là et la femme
qui se taisent
qui regardent
qui attendent
l'envol de la chouette
déesse/oiseau
et voici le rêve et voici la nuit
voici le vol pesant du silence
voici les serres crochues
de l'intelligence planant entre les poutres
le vin qui nous fit parler
nous fait sublimement taire
dame blanche part chasser
noire nuit
pauvre troupeau
meute et gibier de lui