tombeau de Tom Morel.
il est tombé. et maintenant ils sont seuls.
seuls dans le combat, le deuil et l'espérance.
il faut enterrer le chef, il faut délivrer la France.
la neige épaisse est robe de noce et linceul.
devant, avance le curé courbé sous le vent.
puis vont les parents, puis le cercueil
porté par les plus jeunes, et derrière quoi
vont tous les compagnons. on marche et on a froid.
sortant de sous les sapins, on monte jusqu’au plateau
où tous les matins, dans l’aube, Tom hissait le drapeau.
on monte dans la neige, lentement, et, sans bruit, cet effort
dissipera la dernière ombre de la nuit.
il a fallu creuser la terre gelée et le cœur le plus fort
est plein de ce froid, dans la douleur et l’hiver.
on a pleuré le brave, on a chanté le héros trahi
par la mort, on a prié pour la patrie.
le visage des vieux parents est resté imprenable, fort, sec
comme un coup de feu. autour, les âmes et les rocs
étaient pourtant prêts, sous le gel, d’éclater.
alors nous sommes retournés nous cacher et combattre.