la plaine a invité la brume
toutes les routes disparaissent
l'automne orange allume
sa lente mort sur la forêt lointaine
mon fils est devant je le pousse
il ne sait pas encor marcher
sur la colline grise
une pâle lumière glisse et pleure
en bas je lui montre les maisons
jaunes où les cheminées fument
il sait dire : je vois
on croirait de très vieux jouets qui brûlent
soudain l’enfant voulut marcher
je me suis adossé à l’arbre
voici son premier pas
loin de moi avant la chute et les larmes
j’ai cru des choses et des gens
que je ne crois plus désormais
il pleut – jaillit son rire
pourquoi ? je ne sais – peut-être le vent
je vois revivre mon enfance
et je sens mes cheveux blanchir
vieux regrets, joie réelle
– mon fils, que te bénisse l’eau du ciel
tu marches tu ris la nuit tombe
le brouillard vient noyer la plaine
l’arbre s’endort je rêve
d’une grande scène où jouer encore