le trajet.
revenant de la capitale, ayant quitté l'A43
il roulait dans la nuit et la brume
sur la nationale 6 – il allait, je crois
au Pont, ou à La Tour
rentrant à la maison du père, une fois de plus
dehors, vitesse bruyante des moteurs
publicités, panneaux indicateurs. 140 kilomètres
heure au compteur: tout défile – il ne regarde rien. et n’entendit pas – car il écoutait
immobile, Mozart qu’il adorait parce que c’était la vie
parce que c’est la paix
le trajet n’est plus que musique – il allait sans bagage, sans papier, sans image, ni plan
ni carte – depuis l’enfance connaissant le chemin par cœur.
ses parents étaient alors au volant et lui, contre la vitre
à l’invention du paysage. la grâce de ce passé fit retour en lui
l’instant d’un sourire – folie
les pompiers qui désencastrèrent le corps
disent que jamais ne virent visage tel
tant immobilement serein, et tant plein de joie, et comme encor vivant
– souriant vestige et trace vive de son ultime ave :
à la Reine de la Nuit, salut