midi passé. novembre agonisait
ployant sous le poids d’un comme éternel été
passant la saint Martin, et déployant jusqu’en l’ultime lumière
une incommensurable, inouïe douceur – bonne à nous faire dire
que pour un peu, vivre est encore simple.
si bien que nous avons dressé la table dehors, dans l’air clément.
c’est dimanche et qui croirait
que dans un mois l’hiver doit
venir avec la glace et l’ombre
et la blanche mort de tout ?
bien sûr et pourtant, aux arbres plus de feuilles – le feu immobile
est venu déjà tout jaunir, roussir, rougir et brunir,
et tout est tombé dans un silence affreux – et pourtant encor
sur les bas côtés des chemins jonchés de feuilles mortes déjà
d’impossibles violettes embaument et de fous fraisiers fleurissent :
ainsi au cœur de la mort s’avançant au calme de son contre temps, par la lumière douce camouflée,
pointe, plus avant encor, victorieuse d’une vive victoire, la vie. mais on doute et se demande
si le temps n’est pas en exil, et tout longuement déjà mort,
si ce ciel pour nous généreux s’est défait de son manteau
- ou ment pour nous saisir tout vifs dans son gel, et nous tuer plus vite et mieux…
questions hors de saison. il était temps de manger – mangeons !
et nous mangeâmes, heureux, bien heureux, dans le souci de rien et le ciel vide,
célébrant au grand air l’amitié
de tout, la clémence du temps, tout, petites tombes sur folles gloires,
l’amitié de cette dernière lumière, l’hivernal été :
ce qui nous tue déjà nous rend déjà vivant
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