Par le petit garçon qui marche avec sa mère
Tandis que des enfants s’abrutissent les nerfs
Par les congés conquis par le Front Populaire
Et par la foule immense immergée dans l’Histoire
Pour qu’un coin de ciel bleu déchire la nuit noire
Je te salue, ma rue
Par les slogans gueulés, par les murs qu’on a peints
Les affiches collées jusqu’au petit matin
Par tous les poings levés et par les coups - de main
Par le camp des gitans qu’on voit devenir miettes
Les promesses trahies promettant nos défaites
Je te salue, ma rue
Par la putain qui pleur’ au fond d’un’ camionnette
Le paysan pendu sur son grand champ de dettes
Par les chiens qui aboient quand l’étranger s’arrête
Par la caissièr’ fourbue que tous ont insultée
Par le fils dont le pèr’ vient de se fair’ virer
Je te salue, ma rue
Par la manif en marche, par la foule qui tonne
Sous les coups de matraqu’ dès que la charge sonne
Par le cri de Gavroche et le mot de Cambronne
Par le peuple debout et par nos peurs domptées
Les lendemains promis où d’autres vont chanter
Je te salue, ma rue
Par les deux chants du coq quand la nuit disparaît
Par tous ceux qui croiront au vieux rêve français
Par le blanc des lilas, le rouge des œillets
Par l’étendard sanglant élevé dans l’Histoire
Pour qu’enfin le ciel bleu défasse la nuit noire
Je te salue, ma rue
bano 12/02/2014 20:18